La tératospermie est une anomalie spermatique se caractérisant par des spermatozoïdes présentant des défauts morphologies. Ces anomalies peuvent toucher différentes parties du spermatozoïde :
Souvent, les anomalies sont polymorphes : elles peuvent être multiples, de taille ou de forme, toucher à la fois la tête et le flagelle, varier d’un spermatozoïde à l’autre. Il peut s’agir d’une globozoospermie (absence d’acrosome), de double flagelle ou de double tête, de flagelle enroulé, etc.
Toutes ces anomalies ont un un impact sur le pouvoir fécondant du spermatozoïde, et donc sur la fécondité de l’homme. L’impact sera plus ou moins important en fonction du pourcentage de spermatozoïdes normaux restant. La tératospermie peut diminuer les chances de conception, voire entrainer une infertilité masculine si elle est sévère.
Souvent, la tératospermie est associée à d’autres anomalies spermatiques : oligospermie (nombre insuffisant de spermatozoïdes-, asthénospermie (défaut de mobilité des spermatozoïdes. On parle alors d’oligo-asthéno-téraozoospermies (OATS).
Comme toutes les anomalies spermatiques, les causes peuvent être hormonales, infectieuses, toxiques, médicamenteuse. La morphologie des spermatozoïdes est en effet le premier paramètre à s’altérer par facteur externe (exposition à des toxiques, infection,…). De plus en plus de spécialistes considèrent d'ailleurs que la pollution atmosphérique et alimentaire (via les pesticides notamment) a un impact direct sur la morphologie des spermatozoïdes.
Mais parfois, aucune cause n'est retrouvée.
Le principal symptôme de la tératospermie est la difficulté à concevoir. Le fait que la forme des spermatozoïdes soit anormale n'a aucune incidence sur la survenue de malformations pour l'enfant à naître, mais uniquement sur les chances de survenue de grossesse.
La tératospermie est diagnostiquée grâce au spermogramme, un des premiers examens réalisés systématiquement chez l‘homme lors d’un bilan d’infertilité. Il permet une étude qualitative et quantitative du sperme grâce à l’analyse différents paramètres biologiques :
La partie concernant la morphologie des spermatozoïdes est l’étape la plus longue et la plus difficile du spermogramme. Lors d'un examen appelé spermocytogramme, 200 spermatozoïdes sont fixés et colorés sur des lames de frottis. Puis le biologiste va étudier les différentes parties des spermatozoïdes au microscope afin d’évaluer le pourcentage de spermatozoïdes morphologiquement normaux.
Le type d’anomalies morphologiques est également pris en compte pour estimer l’impact de la tératospermie sur la fécondité. Plusieurs classifications existent :
Si la proportion de spermatozoïdes correctement formés est inférieure à 4% selon la classification de l’OMS, ou 15% selon la classification de David modifiée, une tératospermie est suspectée. Mais comme pour toute anomalie spermatique, un second voire un troisième spermogramme sera réalisé à 3 mois d’intervalle (la durée d’un cycle de spermatogenèse étant de 74 jours) afin de poser un diagnostic ferme, d’autant que différents facteurs peuvent influer sur la morphologie des spermatozoïdes (temps d’abstinence long, prise régulière de cannabis, épisode fébrile...).
Un test de migration-survie (TMS) vient généralement compléter le diagnostic. Il permet d'avoir une évaluation du nombre de spermatozoïdes capables de se retrouver dans l’utérus et aptes à féconder l’ovocyte.
Une spermoculture est souvent couplée au spermogramme afin de déceler une infection qui pourrait altérer la spermatogenèse et entrainer des défauts morphologiques des spermatozoïdes.
Si une infection est décelée lors de la spermoculture, un traitement antibiotique sera prescrit. Si l’exposition à certains toxiques (tabac, drogue, alcool, médicament) est suspectée être à l’origine de la tératospermie, l’élimination des toxiques sera la remière étape de la prise en charge.
Mais parfois aucune cause n’est retrouvée et le recours à l’AMP sera proposé au couple. Le pourcentage de spermatozoïde de forme normale étant un bon indicateur de la capacité fécondante naturelle du spermatozoi¨de, il constituer un élément de décision, avec notamment le test de migration-survie, dans le choix de la technique d'AMP : insémination intra-utérine (IIU), fécondation in vitro (FIV) ou une fécondation in vitro avec injection intracytoplasmique (FIV-ICSI).