Le syndrome de Perrault

(SP) est caractérisé par l'association d'une dysgénésie ovarienne chez une femme ayant une surdité neurosensorielle. Dans de récentes études, quelques auteurs ont décrit des anomalies neurologiques, en particulier une ataxie cérébelleuse progressive et un déficit intellectuel. La prévalence est inconnue, mais 34 individus (28 femmes et 6 hommes) appartenant à 15 familles différentes ont été rapportés à ce jour. Le SP est probablement sous-diagnostiqué, l'hypogonadisme n'apparaissant pas chez l'homme et le syndrome restant ainsi non détecté en l'absence d'une soeur atteinte. L'âge moyen au diagnostic, qui se fait devant un retard de puberté chez une femme ayant une surdité neurosensorielle, est de 22 ans. Tous les cas rapportés, sauf un, présentent un déficit auditif (âge moyen au diagnostic : 8 ans). La surdité est toujours neurosensorielle et bilatérale, mais sa sévérité est variable (modérée à profonde), même au sein d'une même famille. La dysgénésie ovarienne est présente chez toutes les femmes atteintes du SP, mais les hommes ne présentent pas de dysgénésie gonadique. L'aménorrhée est généralement primaire, mais une aménorrhée secondaire a également été décrite. Un retard de croissance (taille inférieure au troisième percentile) est rapporté dans la moitié des cas décrits. La fréquence exacte des troubles neurologiques est inconnue. Parmi les cas rapportés, 9 femmes et 2 hommes (16-37 ans) n'en présentaient pas. Les signes neurologiques sont généralement progressifs bien qu'un retard de la marche ou des chutes fréquentes chez les jeunes patients atteints de PS aient été rapportés. Les signes neurologiques fréquents sont une ataxie, une dyspraxie, une limitation des mouvements extraoculaires et une polyneuropathie. Quelques cas de scoliose ont également été rapportés. La transmission du SP est probablement autosomique récessive, mais aucun locus génétique, ni aucune mutation mitochondriale n'ont été identifiés à ce jour. Les mutations desgènes suivants ont été exclues : GJB2 (responsable de la forme la plus fréquente de surdité isolée), FOXL2 (impliqué dans l'insuffisance ovarienne précoce) et POLGFRDAAOA1 (impliqués dans l'ataxie ou l'ophtalmoplégie). Le caryotype est normal. La présence variable des signes neurologiques pourrait indiquer que le SP est une maladie hétérogène. Le diagnostic est posé à partir des signes cliniques et des examens complémentaires : le scanner révèle que la surdité n'est pas associée à des malformations des rochers ; les tests hormonaux révèlent un hypogonadisme hypergonadotrophique chez les femmes ; les examens du bassin montrent des ovaires absents ou rudimentaires, et un utérus très hypoplasique ; et les investigations neurologiques montrent une diminution des vitesses de conduction nerveuse. L'IRM cérébrale peut révéler un hypersignal de matière blanche ou une atrophie cérébelleuse. Le syndrome de Turner est le principal diagnostic différentiel (voir ce terme). La prise en charge et le suivi doivent être multidisciplinaires, faisant intervenir des audiologistes, des endocrinologues et des neurologues. Un appareillage auditif ou un implant cochléaire peuvent être proposés pour la prise en charge de la surdité. L'espérance de vie est normale. L'efficacité de la prise en charge est très variable et dépend des anomalies associées, en particulier de la présence de troubles neurologiques.